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Parle Seigneur, ton serviteur écoute

La formation de la semaine dernière vous proposait d’envisager la liturgie  comme un débordement de la vie de Dieu. Or Dieu se donne à nous d’abord par sa Parole. C’est par sa Parole que Dieu crée l’univers, c’est par sa Parole incarnée en Jésus qu’il nous sauve. C’est donc par la Parole de Dieu que débute nos assemblées eucharistiques. Chaque dimanche, nous commençons par écouter la Parole de Dieu. Chaque dimanche, de nouveaux textes tirés de la Bible nous sont proposés, à raison de 3 textes par dimanche soit plus de 150 textes différents. Cette richesse dans l’accès à la Parole de Dieu lors de la messe a été particulièrement désirée par les Pères du Concile Vatican II.
La Parole de Dieu inspire aussi de nombreuses prières dites pendant la messe. Par exemple, lors de la présentation des offrandes, le prêtre dit deux prières à voix basse, car il prie alors particulièrement en son propre nom. La première prière accompagne un geste de pénitence puisqu’il s’incline : « humbles et pauvres nous te supplions Seigneur, que notre sacrifice en ce jour trouve grâce devant toi ». Cette prière qui est placée là dans les missels depuis au moins le XIème siècle est directement inspirée du cantique d’Azarias dans le livre de Daniel (dite aussi à l’office des laudes). Dans cette prière, Azarias demandait à Dieu d’accepter en sacrifice spirituel nos cœurs brisés et nos esprits humiliés alors qu’il n’y avait plus de temple ni de sacrifice d’animaux pour lui rendre un culte. Le prêtre se met alors dans la même disposition de cœur qu’Azarias mais aussi que Jésus dont le sacrifice remplace et dépasse tous les sacrifices du temple.
La deuxième prière dite par le prêtre est tirée du psaume 50 : « Lave-moi de mes fautes Seigneur, de mon péché purifie-moi ». Le prêtre joint à nouveau le geste à la parole en se lavant les mains en signe de purification de sa personne toute entière. Le sens mystique du lavement des mains est souligné dès le IVème siècle. Saint Cyrille de Jérusalem écrit alors : « Ce geste indique que nous devons être purs de tout péché. Ce sont nos mains qui agissent; laver nos mains n’est autre chose que purifier nos actions ».
L’assemblée aussi prie avec des mots de la Bible. Par exemple, vous connaissez la prière que nous disons avant de recevoir la communion : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri » (Mt 8, 8). Nous redisons et nous nous appliquons les mots du centurion romain de l’Évangile selon saint Matthieu : « Seigneur je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ». Quand nous relisons cette prière dans le texte biblique, nous pouvons comprendre qu’il s’agit d’une prière de confiance et d’espérance qu’on dit humblement, la main sur le cœur plutôt qu’une prière de pénitence qu’on dirait en se frappant violemment la poitrine.
NotrePereIl y a enfin une prière que nous disons et qui est directement tirée de la Parole de Dieu, c’est le « Notre Père », qui est la prière reçue du Seigneur lui-même. Jésus, à la demande de ses disciples, nous donne les mots pour prier son Père. Comme les traductions sont toujours un peu des trahisons du texte original, il peut être nécessaire de les réviser. C’est pour cela qu’aujourd’hui le Notre Père nous sera enseigné par le prêtre comme il l’a été aux disciples par Jésus. Le célébrant nous donnera, phrase par phrase, les mots pour parler au Père et nous pourrons répéter ce texte dans une attention renouvelée puisque une partie des mots sera nouvelle. Il est essentiel que cette nouvelle traduction du Notre Père ne soit pas une occasion de dispute – comme la liturgie l’est trop souvent – mais une occasion de conversion et de contemplation renouvelée du Père.
 

  1. Prier avec les mots de l’Église

Pourtant tous les mots que nous adressons dans nos liturgies ne viennent pas exclusivement de la Parole de Dieu, même s’ils sont souvent inspirés par elle. Au cours des siècles, l’Église a forgé des prières. Certaines sont restées en usage, comme la prière eucharistique 1. Cette prière eucharistique remonte au IVème siècle, c’est la prière eucharistique la plus développée, la plus solennelle et elle ouvre sur les temps derniers. La prière eucharistique 2 est plus ancienne, remontant au milieu du IIIème siècle. Abandonnée pendant de longs siècles, elle a été redécouverte par les liturgistes et proposée à la prière des fidèles après Vatican II.
En répondant à la Parole de Dieu et en priant avec ses propres mots, l’Église montre que la liturgie est un échange entre Dieu et les hommes. Un petit dialogue entre le prêtre et l’assemblée le rappelle au début de chaque partie de la messe (salutation, avec un dialogue parfois plus développé ; liturgie de la parole, liturgie eucharistique, envoi) : « le Seigneur soit avec vous » « et avec votre esprit » dits parfois très automatiquement. Le prêtre en disant « le Seigneur soit avec vous » représente le Christ tête, le Fils médiateur qui donne Dieu aux hommes ; en répondant « et avec votre esprit » l’assemblée manifeste son ministère baptismal. L’assemblée, Corps du Christ, souhaite que le célébrant reçoive aussi la vie de Dieu. Prêtons attention à ce petit dialogue qui manifeste bien que la liturgie est communication de Dieu, est communion.
 

  1. Prier avec les mots de l’Assemblée

L’Église encore aujourd’hui reçoit la mission de prier Dieu et de tourner les cœurs vers lui en composant de nouvelles prières. Par exemple, certaines personnes dans la paroisse ont ainsi un soin particulier pour la rédaction des prières universelles renouvelées chaque dimanche. Ayons conscience de ce travail et prêtons attention aux mots qu’ils nous suggèrent.
Enfin les silences nous invitent à formuler nos prières avec nos propres mots : quand le prêtre invite à la prière en disant « prions », habitons les quelques instants de silence qui précèdent sa prière pour formuler la nôtre. D’autres moments de recueillement nous sont offerts : ne profitons pas du silence après l’homélie ou la communion pour lire la feuille paroissiale. Profitons de cet espace de liberté et d’intimité avec le Père en lui réservant notre prière.
 
Ce qui est premier dans la liturgie comme  dans l’histoire du Salut, c’est le mouvement d’amour par lequel le Père nous donne sa Parole. Le Christ, Parole du Père, vient réellement dans notre assemblée et appelle chacun d’entre nous pour nous entrainer vers le Père. Il frappe à la porte, si nous lui ouvrons, il atteint notre cœur et l’appelle à se retourner. Ainsi, les paroles de Jésus dans l’Évangile sont  bien plus qu’un enseignement, c’est la Parole qui dit et qui fait. Plus nous écoutons  et accueillons le Verbe fait chair plus nous deviendrons son corps, plus nous serons transfigurés.
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