Avec l’extension de la ville de Montigny, l’église St Martin devenait trop petite (250 places) et ne pouvait plus accueillir ses fidèles.

Un concours d’architectes est lancé en 1988 par la mairie pour l’agrandir. Pour des raisons diverses, ce projet n’est pas poursuivi. Un besoin d’accueil, de proximité et de visibilité de la présence chrétienne se fit ressentir dans le quartier de la Sourderie appelé à devenir le quartier le plus important en population.

L’Association des Résidents Catholiques de la Sourderie (ARCS) décida la construction de l’église St Pierre du Lac.

Cinq années (1991-1996) s’écoulèrent entre l’élaboration du projet et son aboutissement.

« Cette église n’a pas été conçue dans la solitude de mon cabinet, soulignait l’architecte Eric Paolini, mais elle est le fruit des recherches, des souhaits et de la réflexion des membres de la communauté paroissiale toute entière ».

Les paroissiens et leur évêque, Monseigneur Thomas, la voulaient largement ouverte sur l’extérieur, claire, fonctionnelle et accueillante.

Son grand toit protège celui qui s’en approche, tout le monde peut voir ce qui se passe à l’intérieur.

Son puits de lumière et ses grandes baies vitrées laissent entrer largement la lumière.

L’organisation concentrique des bancs invite à la convivialité et au partage…

L’oratoire attenant, séparé par une cloison mobile, reste ouvert toute la journée pour accueillir les fidèles qui désirent prier.

Grâce aux matériaux simples (bois, verre, métal, maçonnerie), son architecture s’intègre parfaitement dans le quartier : on est frappé par la continuité entre l’intérieur et l’extérieur et séduit par l’harmonie des lieux. L’intérieur est orné de plusieurs oeuvres d’art.

 

 

Un jour, en chaire, le Père Michel Lacau a suggéré aux Paroissiens de réaliser un « SIGNE » pour l’inauguration de l’église.

En rentrant à la maison j’ai fait une maquette en pâte à sel de 50 sur 50 centimètres environ. Michel Lacau souhaitait une œuvre de dimensions plus importantes (2 par 3 mètres). Après mûre réflexion, j’ai pensé au papier de journal, matériau léger, maniable, éphémère, car je pensais que ce ne serait qu’un SIGNE d’inauguration, donc devant disparaître rapidement. Mais aussi pourquoi du papier de journal ? Parce que c’est l’histoire de toute notre humanité. Tous les journaux français, et même des journaux asiatiques donnés par le Père Guillaume, représentant l’Eglise d’Asie qu’il nous a fait connaître, ont été utilisés.

Le CHRIST ! j’ai essayé de le représenter ressuscité : Il est voile et mât du bateau ; Il est vent qui pousse le bateau, d’où son côté droit lisse, alors que le gauche est tourmenté. Il est aussi ESPRIT SAINT. Il est derrière le bateau dont j’ai voulu faire le signe du passage.

CHRIST ressuscité : ses mains semblent désincarnées, mais sa tête penchée vers nous le relie aux Hommes par son regard.

PIERRE : j’ai voulu faire de Pierre le contraire du Christ désincarné ; Il est ramassé, il est dense, son regard est attentif à ce qu’il fait, il est Humain. Son épaule gauche est importante car sur elle repose l’Eglise. Comme dans la mosaïque, le filet est à grosses mailles. Il n’attrape pas, on ne s’y accroche que si on le désire. L’Homme est libre.

L’ensemble est réalisé avec du papier de journal mouillé, travaillé et séché, et coloré au Bondex.

 

C’est à la demande du Père Guillaume Arotçarena, dans le but de solliciter une participation financière pour la construction de Saint-Pierre du Lac, que j’ai pensé à une mosaïque. Sur un papier quadrillé posé sur un cadre de bois, j’ai réalisé un dessin dans le style « point de croix ». Chaque tesselle de verre a été vendue aux paroissiens, mais aussi sur les marchés. Le prénom de chaque acquéreur est inscrit sur le bois à la place où le carreau est posé. Il y a 2400 pièces et environ 1000 prénoms.

Bien sûr l’idée de St Pierre est déjà dans cette réalisation :

Le soleil, c’est DIEU ; la mouette en haut à droite, l’ESPRIT SAINT ; au centre le mât du bateau, la CROIX DU CHRIST.

Au centre PIERRE dans sa barque lance le FILET à grosses mailles , ce n’est pas un filet qui prend et retient, qui enferme, mais un filet auquel on s’accroche si on le désire . Il est en deux parties : près de Pierre une zône claire dessine un poisson : c’est l’EGLISE. Dans l’autre, plus foncée, les poissons représentent les Hommes en recherche ; les parties vertes sont les côtes du lac de Tibériade ; les parties bleues, la MER , LES VAGUES, et les parties blanches, l’ écume, là où souffle L’ESPRIT SAINT.

Commentaires de Marie Christine Poliakoff, l’artiste avec la complicité de Paulette et André Prévost

 

Le Ciel et la Terre Dieu et l’Homme

La technique utilisée

Cette technique consiste en du verre sur lequel sont appliquées des teintes, l’ensemble étant cuit au four par plusieurs passages.

L’effet rendu donne de la matière au vitrail, en permettant des jeux de couleurs. Le verre ne paraît pas lisse ou plat. L’aspect final moderne et très coloré est voulu pour bien s’accorder avec ce bâtiment neuf et aux lignes très sobres. Par ailleurs, par sa (relative) simplicité, cette technique est beaucoup moins coûteuse que d’autres formes de vitrail. (La technique traditionnelle du vitrail en verre découpé et inséré dans du plomb n’a pas été retenue parce qu’elle convient moins bien aux églises neuves et parce qu’elle est la plus chère de toutes).

Le symbolisme

Le ciel (bleu sombre) et la terre (bleue pâle) ; mais aussi Dieu (les deux grandes bandes à gauche et droite) et l’homme (au centre). Les deux sont symbolisés avec le même jeu de couleurs, mais avec des largeurs et des valeurs différentes, pour marquer combien l’homme est à l’image de Dieu, pour souligner leur unité mais également leur différence (premier chapitre de la Genèse). Ces bandes qui se croisent soulignent que la rencontre entre Dieu et l’homme se fait au cœur de l’homme, mais aussi dans tous les moments de notre vie. Les traces horizontales sont un appel à témoigner de cette union avec Dieu sur terre, dans tous les moments de notre vie.

 

Le tabernacle

 

 

Lever du soleil sur la mer

 

 

Ils ont tous été réalisés avec des restes inutilisés d’une fabrique de verre, avec du silicone cristal employé dans les salles de bain, et des perles de couleur décorant souvent les tables de fête, ou utilisées dans l’art floral. Les vitraux ont été réalisés pour répondre à une demande de rendre l’oratoire plus intime. «  L’ESPRIT DE DIEU PLANAIT SUR LES EAUX », cette phrase en a orienté la réalisation.

A Gauche neutre, puis toujours dans l’eau, au milieu des algues, les bulles d’air font comme une colombe, représentant l’Esprit Saint. Au milieu de l’eau, comme une algue, se détache la croix du Christ. A droite : Nous sommes sur Terre, c’est le buisson ardent.

Les trois vitraux ne laissent passer que la lumière du ciel. La Création, toujours l’eau, la nature, des algues, et le Soleil : DIEU

 

« Le Christ en gloire » de Saint Pierre du lac, par Camille BONHOMME :

« Ce Christ a été réalisé en toute liberté en 1980 quand j’avais 22 ans. C’était un double défi, technique et spirituel. Technique, car si l’enclume exige un travail de force, la soudure, demande de la délicatesse et de la précision. Lourd, coupant, bruyant, brûlant, éblouissant, c’était un travail violent. Et spirituel, car il fallait dépasser cette difficulté de la représentation. Ce Christ, pour pouvoir porter la prière de chacun, ne pouvait pas avoir un visage particulier et subjectif. J’ai voulu exprimer la Résurrection, l’ »arrachage » à la mort. C’est pour cela qu’il « sort » du mur, et c’est pour cela aussi qu’il monte vers le Père. Ce n’est pas un Christ accablé et supplicié, mais un Christ d’espérance, vainqueur, glorieux, qui nous promet la Résurrection.  »

 

« j’ai pensé à toutes les personnes qui entreront dans l’église et qui regarderont cette statue , afin qu’elles se sentent accueillies.

Cela m’a invitée à recevoir de Marie l’image qu’elle aimerait donner d’elle et le message de tendresse qu’elle voudrait transmettre

Ma première démarche avant d’entrer dans la phase de réalisation est de prier, de regarder Marie et de lui offrir le travail de mes mains

L’inspiration et le don de créativité, je les reçois de mon Créateur. En accomplissant mon travail, j’essaye de faire fructifier ce don. J’ai beaucoup simplifié la silhouette à la fois humaine, mais déjà détachée de la terre et entrée dans son assomption, maternelle par son sourire et ses bras largement ouverts. »

Hélène de Laage