Institutrice1

Chrétiens dans le monde

L’éducation


1) Soline, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Soline Maitre et je suis enseignante de Français dans un collège catholique privé sous contrat. Depuis quelques années je m’adresse aux 6è et à une classe de 3è.
Le fait de choisir un établissement chrétien a été une évidence : non pas pour rester « entre soi » mais pour apporter ce que d’autres établissements m’avaient apporté quand j’étais jeune. Une forme de gratitude et de sens de la transmission.
Ceci dit en vingt ans, espace pendant lequel j’ai enseigné déjà, les élèves et le monde ont changé.
 
2) Comment vivez-vous concrètement votre foi chrétienne dans votre engagement professionnel ?
 Ma foi est «facile » à vivre dans le cadre d’une école qui s’affiche clairement comme chrétienne et difficile parce qu’une classe reflète la société dans laquelle nous vivons. J’ai donc, et je le sens plus depuis quelques années, un témoignage à porter.
Avec mes élèves quand j’ai cours avec eux à la première heure du jour, nous faisons la prière. Je leur demande, par 2 d’apporter une prière (quelle que soit leur religion) ou un texte porteur de réflexion. Il m’arrive aussi de lire l’évangile du jour.
En tant que professeur principal j’insiste beaucoup sur les relations entre les élèves et ce n’est pas évident. Harcèlement, moqueries sont présents comme partout. A moi de les aider à  réfléchir sur le sens de leurs paroles et de leurs actes.
Avec 4 classes de 4è, six fois par an, je donne des « cours de K.T » autour de l’histoire de l’Eglise. Nous partons de l’Eglise primitive pour arriver au pape François. C’est intéressant et frustrant parce qu’en six heures, voir 21 siècles c’est un exercice difficile.
 
3) Est-ce que le fait d’être chrétien vous aide dans votre engagement et comment ?
 J’aimerais pouvoir dire que ma foi me guide à chaque instant et que grâce à cela je suis un super prof. Mais non. Ma foi m’aide à mieux regarder ces adolescents comme des personnes et pas seulement comme des élèves. Dépasser le cadre du travail pour voir en chacun d’eux les promesses des adultes qu’ils seront. Et je voudrais les aider à passer ces années délicates de leur vie. Ma foi m’aide à ne pas porter des verdicts définitifs et, ils seraient bien étonnés de l’apprendre, à les aimer.


4) Pensez-vous que les chrétiens ont un rôle à jouer dans le domaine de l’éducation, lequel ? Comment cela se manifeste-t-il ?
 Oui, les chrétiens ont un grand rôle à jouer dans le domaine de l’éducation parce que l’école, ce n’est pas seulement une question de notes ! Un enfant n’est pas une note ! Les chrétiens ont à leur offrir ce qu’il y a de plus beau au monde : un regard différent qui englobe ce qu’ils sont autant que ce qu’ils savent (ou ne savent pas !). On manque de chrétiens engagés dans l’éducation, ne serait-ce que pour le K.T. On parle toujours de « mamans K.T. ». Il serait temps que là aussi il y ait une plus grande parité. Il faut que les chrétiens s’engagent au collège, au lycée et témoignent de ce qui les fait vivre. Cela, ils ne l’entendront nulle part ailleurs !
5) Qu’est-ce qui est difficile ?
 Vivre en chrétien est un chemin jamais achevé. Alors ce qui est difficile c’est de ne pas être ce qu’on voudrait. Accepter ses limites (son caractère, ses défauts) et essayer d’être un témoin du Christ.  Savoir demander de l’aide et ne pas se croire seule. On n’est pas chrétien tout seul, on n’est pas professeur tout seul. Ce qui est difficile c’est d’échouer avec un élève, non pas tant sur le plan scolaire que sur le plan personnel. Que n’ai-je pas su faire ou dire ?
Savoir présenter des excuses quand je me suis trompée… Accepter de dire qu’on n’est tout puissant, ni omniscient, ne pas se prendre pour …. Dieu !

     Soline Maitre