Nous vous proposons de préparer Noël en nous mettant à l’école des 4 derniers saints français canonisés.
« Jésus de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. » (Ph 2,6)
Noël est le mystère du dépouillement infini de Dieu : c’est le chemin qu’il emprunte pour nous rejoindre ; c’est la seule attitude possible, de notre part, pour l’accueillir. Cette année, à l’école des 4 saints français les plus récemment canonisés, préparons le chemin du Seigneur en contemplant ce mystère d’un Dieu qui épouse la pauvreté, et en travaillant notre propre vie pour nous dépouiller de nous-même et faire ainsi place à Dieu qui vient.

Le dépouillement dans le martyre

Avec saint Salomon Leclercq (1745-1792), canonisé le 16 octobre 2016.

Diaporama à l’usage des enfants

Parole de Dieu (Mt 11, 2-11)

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,  lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »  Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? Un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

Paroles de vie de saint Salomon Leclercq

« Se tenir en l’état où l’on voudrait être pour aller paraître devant le Souverain Juge: telle doit être la vie d’un chrétien qui a de la foi. Il doit regarder toutes les choses d’ici-bas, richesses, plaisirs, bonne chère comme de pures vanités, propres à amuser des hommes de chair et de sang et incapables de contenter une âme qui sait qu’elle est faite pour jouir de Dieu et pour en jouir éternellement. Tâchez d’entretenir ces sentiments et ces dispositions dans  vos enfants que j’embrasse avec bien de la tendresse. Si Dieu le permet, j’irai vous joindre et mêler mes larmes avec les vôtres. Mais non ! que dis-je, pourquoi pleurer puisque l’Évangile nous engage à nous réjouir quand nous aurons quelque chose à souffrir pour son nom ? Souffrons  donc gaiement et avec action de grâce les croix et les afflictions qu’Il nous enverra » (Lettre à sa sœur, le 15 août 1792)

Chemin d’Avent

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » C’est la question ultime que pose Jean-Baptiste du fond de sa prison, la question de celui qui sait ses jours comptés, le doute de celui qui éprouve le mal et s’interroge sur le silence de Dieu. La réponse de Jésus est invitation à voir au-delà de ce mal les traces du passage bien réel du Seigneur dans l’histoire et dans nos vies et d’en être témoins. Jean-Baptiste, lui qui nous enseigne le dépouillement pour que nous décroissions afin que le Christ grandisse en nous (Jn 3,30), lui qui est le plus grand des prophètes, révèle ainsi que le plus petit dans le Royaume n’est autre que Dieu lui-même qui se fait tout petit enfant.

Saint Salomon Leclercq a vécu jusqu’au martyre ce dépouillement de lui-même

Fils d’un négociant de Boulogne–sur-mer, il rejoint à 22 ans les Frères des Écoles chrétiennes, Institut qui a pour vocation de donner une éducation chrétienne gratuite aux jeunes défavorisés. Il se met au service des enfants et des jeunes, même les plus fragiles, pour toujours les mettre en situation de réussite. Fidèle à son oui initial, frère Salomon enchainera plusieurs missions dans différents établissements : d’abord auprès d’enfants d’école primaire, puis de jeunes en difficultés, ensuite responsable de l’intendance et enfin il sera adjoint au supérieur général. Il reçoit ces missions avec disponibilité et humilité comme le témoignent les lettres écrites à ses proches : « Priez Dieu seulement qu’Il m’accorde de faire mon emploi, quel qu’il soit, pour son amour, qu’Il détruise mon orgueil et qu’Il me donne l’humilité, en un mot que je devienne un saint. Oh! que j’en suis éloigné!»
En 1790, alors que la Révolution française est engagée, il refuse de prêter serment à la Constitution. Dans le contexte d’une France troublée, période de véritables persécutions, il poursuit sa mission dans la clandestinité. Après la chute de la Monarchie, en août 1792, le frère Salomon est arrêté et enfermé au couvent des Carmes, transformé en prison. Il y est sauvagement tué, lors des massacres du 2 septembre, aux côtés d’une centaine de victimes, évêques, prêtres, religieux.
Frère Salomon qui avait librement décidé de consacrer sa vie au Christ a conservé cette attitude de renoncement en répondant positivement aux appels successifs pour diverses missions, et en restant fidèle à sa vocation. Et, dans une situation dramatique, cette même attitude lui a donné la force de tenir debout, comme ses compagnons, fidèles jusqu’au martyre, dans un consentement définitif libérateur de tout sentiment négatif. « Au fond de leur détresse, ils ont gardé le sens du pardon. L’unité de la foi et l’unité de leur patrie leur sont apparues comme plus importantes que tout. » (St Jean-Paul II)

En marche aujourd’hui

Le dépouillement dans le martyre est redevenu aujourd’hui une caractéristique fondamentale de la vie chrétienne. Comme saint Jean-Paul II l’a mis en lumière, le christianisme en ce début de XXIe siècle est devenu la religion la plus persécutée de la planète : en Afrique, en Asie, au Moyen Orient, cette réalité est partout. Le 26 juillet 2016, elle s’est même invitée chez nous, avec la mort du Père Jacques Hamel, premier prêtre tué à l’autel dans notre pays depuis la Révolution Française.
L’Église, avec sagesse, prendra son temps pour éventuellement le reconnaître de manière officielle comme un martyr à l’égal de saint Salomon Leclercq. Mais déjà, devant cette vie radicalement donnée au terme d’un ministère très ordinaire, effacé même, nous devons nous interroger :

  • A qui, à quoi, ai-je donné ma vie ?
  • Ai-je déjà imaginé que le martyre puisse surgir pour moi « au coin de la rue » de ma vie ordinaire ?

 
L’effusion du sang n’est pas la seule forme possible du martyre : il existe aussi en « goutte à goutte » : rejet, discriminations, moqueries, entraves dans la vie professionnelle…. Ai-je déjà rencontré de telles situations ? Comme ai-je réagi ?

Avec Marie…

marie Reine des martyrs, tu as connu la douleur de fuir devant Hérode, qui voulait mettre à mort ton fils nouveau-né ; tu as enduré les fatigues et les angoisses de la fuite en Égypte : Obtiens-nous la grâce, à l’approche de Noël, de témoigner avec force et douceur de notre fidélité au Christ jusqu’à notre dernière heure.
Je vous salue Marie…
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