Jean-Paul II disait de lui : « Il est certain que Fra Giovanni a apporté, et apporte encore aujourd’hui, une immense utilité spirituelle et pastorale au peuple chrétien, pour lui faciliter sa marche vers Dieu. »  Cette année, c’est notre communauté paroissiale que Fra Angelico vient guider jusqu’aux fêtes de Pâques.
Autant la peinture de Fra Giovanni da Fiesole, surnommé « le frère angélique », est nette et lumineuse, autant sa figure est nimbée de mystère : on ne connait pas la date exacte de sa naissance, à la fin du XIV°s ; on ne possède pas un écrit de sa main, pas un écho de sa prédication, lui qui pourtant consacra sa vie dans l’ordre des Frères Prêcheurs, les dominicains, à Florence ! C’est que Fra Angelico a choisi de ne parler que par son pinceau. Un demi-siècle après lui, Michel Ange lui rendra hommage ainsi : «Ce brave homme peignait avec son cœur ; aussi était-il capable de donner, à l’aide de son pinceau, une expression extérieure de sa piété et de sa dévotion intérieure, chose à laquelle je ne puis parvenir, car je sens bien qu’il n’est point en mon cœur de tendance aussi bonne. »
Béatifié en 1982 par Jean-Paul II, il vivait son art comme une vocation, se considérant comme l’exécutant de l’Esprit : le peintre Vasari, son contemporain, fait cette confidence : « Jamais ne retoucha-t-il ou ne restaura-t-il aucune de ses œuvres ; il les laissa toujours sous leur forme originelle car il croyait que telle était la volonté du Seigneur. D’aucuns affirment que Fra Giovanni ne prit jamais son pinceau sans avoir dit préalablement une prière, jamais ne peigna-t-il un crucifix sans que les larmes coulent le long de ses joues, et la bonté de son âme sincère peut être jugée par l’attitude de ses personnages. »
Ce n’est donc pas d’abord un des plus grands peintres de la Renaissance que nous allons accueillir pendant 15 jours, mais bien un maître spirituel. Avec lui, nous voulons vivre la dernière étape de notre marche de Carême, contempler le visage du Dieu fait homme, et en raviver l’image au fond de notre cœur : en un mot, cultiver l’art de la sainteté !

P. Bruno VALENTIN