Chut !
« L’Avent peut être considéré comme temps liturgique de silence, de veille et de prière en préparation à Noël : à Noël, Le Sauveur est né dans le silence et dans la pauvreté la plus absolue »
Benoit XVI
Qui d’entre nous n’a jamais fait l’expérience de désirer un moment de silence ? D’aspirer profondément à un peu de calme et de paix ? Entre le vacarme de nos villes et le gazouillis de nos réseaux sociaux, nous baignons continuellement dans le bruit, au risque de perdre le contact avec notre cœur profond, sanctuaire intime que Dieu habite.
Pour goûter le silence, il faut d’abord le rechercher : s’extraire du bruit, se ménager des espaces de calme où rester en silence. « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre » constatait notre voisin de Port Royal, le philosophe Blaise Pascal. Le silence se conquiert, comme un sommet de haute montagne. Il faut faire effort pour goûter aux bienfaits du silence qui donne de se ressourcer, de retrouver son unité intérieure, d’être tout simplement disponible.
Paradoxalement pourtant, le silence fait peur : parce qu’il nous renvoie à nous-même, à nos fragilités et à nos peurs. C’est dans le silence que peuvent ressurgir soucis, angoisses, émotions et souvenirs que nous préférons parfois enfouir. Alors nous fuyons dans le bruit.
Il y a à vrai dire mille et un silences : il peut être léger et agréable, ou gênant voire pesant. Le silence a en fait toutes les couleurs de nos émotions. On peut aimer ou souffrir en silence, acquiescer ou réprouver sans rien dire. Le silence est la trame sur laquelle se tissent nos relations. Il est le contexte nécessaire de toute communication : Quel dialogue est possible si personne ne fait silence pour écouter l’autre ? Le silence n’est donc pas mutisme.
Et si nous profitions de ce temps d’Avent pour relever le défi du silence ? Il y a de multiples manières de regagner quelques espaces de silence dans la vie de tous les jours : c’est simple comme un trajet en voiture sans allumer l’autoradio, comme un aller et retour au lycée sans écouteur dans les oreilles, ou encore comme un repas en famille pris en silence, sur un simple fond musical…. : autant d’espaces intérieurs ré-ouverts pour un dialogue intime avec Dieu.
(à suivre : le silence, paysage de la Bible)
P. Bruno VALENTIN