« Magnifique, superbe, prodigieux… » les qualificatifs ne manquent pas, dans le Livre d’Or, pour traduire l’émerveillement ressenti par les centaines de personnes qui se sont déplacées pour voir l’exposition Fra Angelico. L’exploit artistique, la beauté, la délicatesse de la peinture sont soulignés. Mais cette exposition de photos d’œuvres du XV e s conservées à Florence a été bien plus que l’opportunité d’un voyage culturel dans le temps et l’espace.
En témoigne d’abord l’émotion exprimée : celle de cette femme qui soudain embrasse sa parente en pleine exposition pour la remercier de l’accompagner, celle de ces personnes qui font de leur visite l’occasion d’annoncer leur décision de demander le baptême, celle encore des larmes versées devant l’un ou l’autre tableau.
En témoignent aussi les mots des visiteurs qui voient, dans les yeux peints par l’artiste, la foi de Marie, la bienveillance de Joseph, et se disent bouleversés par le regard de Jésus qui est appel irrésistible au Lavement des pieds ou infinie miséricorde à la Flagellation. En témoignent les invitations à se laisser habiter par cette œuvre et à prier, les paroissiens qui reviennent pour prendre le temps de méditer chaque tableau.
Nombreux sont ceux qui, comme eux, ont su s’attarder, se laisser prendre par la profondeur des images, ont vu au-delà de ce que peut contempler leur simple regard physique, sont passés du visible à l’invisible : « j’ai vécu la Passion », « j’ai vu le Ciel». Un enfant, de CM2, a tout compris : « On l’appelle Fra Angelico parce que, dans ses tableaux, il dit l’amour de Dieu aussi bien qu’un ange » explique –t-il à des plus petits.
Ainsi, six siècles après sa mort, l’humble frère dominicain a fait, chez nous, ce qu’il avait fait tout au long de sa vie terrestre : il a prêché. Il l’a fait par la beauté de sa peinture d’où jaillit le mystère du Christ qu’il contemplait dans l’étude et la prière. Et il continue à le faire dans la communion des Saints, cette unique Église du Ciel et de la Terre au sein de laquelle il nous aide à connaître Dieu qu’il contemple en plénitude aujourd’hui, afin que, nous aussi, nous le fassions connaître.
Nicole Blin