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 Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit

Je ne sais pas si vous avez parfois cette impression, quand vous venez à la messe, d’avoir une messe « à thème ». Un jour c’est Noël, un autre, c’est Pâques, une fois c’est l’Ascension, une autre fois c’est  l’Assomption – parfois on confond un peu les deux – un dimanche c’est le Saint-Sacrement, un autre la Transfiguration. Le 4e dimanche du temps pascal c’est le dimanche du Bon Pasteur, on prie pour les vocations, le 5e dimanche de Carême, c’est le dimanche du CCFD, on donne à la quête pour le CCFD. Et aujourd’hui c’est le Christ-Roi. Un avantage certain de ces liturgies à thème, c’est que cela peut permettre au prêtre ou au diacre d’avoir un sujet de prédication facile à trouver, mais cela peut aussi nous empêcher de bien comprendre ce qu’est la messe.
Or comme l’indique le titre de cette première formation, la messe, cela nous permet d’abord de contempler la Trinité, le mystère de Dieu tout entier et non pas servi en tranches, et c’est ce que je voudrais vous présenter aujourd’hui.
Contempler la Trinité, cela vous paraît sûrement un peu obscur, vous ne savez peut-être pas trop vers où regarder pour contempler la Trinité. Pourtant, la liturgie nous donne une boussole, à deux reprises au cours de la messe, pour nous montrer non pas le Nord mais la bonne direction, la bonne orientation, celle qui nous tourne vers le Père, par le Fils et dans l’Esprit. Cette boussole nous est donnée à la fin de la prière d’ouverture et à la fin de la prière eucharistique, on appelle ces formules trinitaires des doxologies, c’est-à-dire des prières qui disent la gloire de Dieu. Je vais vous présenter chacune de ces deux formules trinitaires avant d’élargir un peu mon propos.
 

1- La prière d’ouverture et sa conclusion trinitaire

Comme son nom l’indique, la prière d’ouverture est au début de la messe. On l’appelle aussi collecte parce qu’elle rassemble la prière de ceux qui viennent de se rassembler (c’est d’ailleurs le sens du mot église en grec). Le célébrant invite l’assemblée à prier en disant « Prions » – il s’inclut dans la prière puis fait silence. C’est un silence de recueillement, à la fois parce qu’il nous invite à nous concentrer spirituellement mais aussi parce que ce silence permet à toutes nos prières de se rassembler en une seule prière. Ensuite, le célébrant prie en notre nom à tous en s’adressant, le plus souvent, à Dieu le Père. Voici la prière que nous prierons ensemble tout à l’heure : « Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils Bien-Aimé, le roi de l’univers ; fais que toute la création libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin ». Le célébrant rappelle d’abord les « merveilles de Dieu » : le Père a tout donné au Fils, ainsi nous pouvons lui demander que toute la création (cela ne concerne donc pas l’humanité seulement) soit sauvée par sa mort et sa résurrection et qu’elle se tourne vers le Père, qu’elle le reconnaisse comme son créateur et le glorifie. Pour le dire autrement, notre prière demande à Dieu que toute la création participe à sa vie divine.
La prière d’ouverture se termine par une doxologie à laquelle on fait généralement peu attention alors que c’est une formule particulièrement développée : « par Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit ».
Cette conclusion est essentielle car elle nous donne le sens de toute prière chrétienne ; elle nous rappelle le mouvement trinitaire dans lequel nous sommes pris. Alors que nous sommes tournés vers Dieu notre Père à qui nous nous adressons, notre prière est portée à lui « par le Fils » qui est notre intercesseur. C’est par le Fils, Dieu et homme que nous pouvons pleinement participer à la vie de Dieu et cette vie de Dieu n’est rien d’autre que la communion réalisée par l’Esprit. L’Esprit qui unit le Père et le Fils dans un élan d’amour mutuel nous unit à notre tour au Père et au Fils et nous unit les uns avec les autres.
 

2- La doxologie de la Prière eucharistique et les épiclèses

La prière eucharistique se conclut par une formule comparable, une grande doxologie qui conclut la prière eucharistique nous met à nouveau dans l’axe : « Par lui avec lui et en lui, à toi Dieu le Père, dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles »
Lors de la prière eucharistique nous avons prié avec le Christ, présent au milieu de nous, s’offrant à la dernière Cène, sur la Croix, mort et ressuscité. Cette prière n’est pas d’abord la nôtre mais celle du Fils et c’est ce qui la rend efficace : nous offrons notre prière « par lui » qui est le médiateur entre nous et son Père, « avec lui » qui est homme comme nous et « en lui »  qui est Dieu. Cette prière est tournée vers le Père, « à toi Dieu le Père » « dans l’unité du saint Esprit ». Tout au long de la prière eucharistique, nous avons été pris dans le mouvement de la prière du Fils, il est présent au milieu de nous et son Esprit agit en nous, alors nous sommes en présence du Père, nous pouvons le contempler et lui dire en vérité « Notre Père ».
Mais la prière chrétienne n’est pas un simple face à face entre nous et le Père, un face à face qui serait facilité par le Christ qui jouerait un rôle d’appariteur. La prière chrétienne est communion et cette communion se réalise au plus profond de nous-même par l’action de l’Esprit.
L’Esprit saint est un peu le parent pauvre de nos liturgies. Souvent on entend dire qu’on ne le prie jamais, ou pas assez. D’une certaine manière c’est normal car c’est l’Esprit saint qui inspire nos prières et les habite. Cela nous est manifesté par deux prières dites pendant la Prière eucharistique. Ce sont des invocations de l’Esprit Saint qu’on appelle les épiclèses. Celles-ci ont été mises en valeur dans les prières eucharistiques 2, 3 et 4 issues de la réforme liturgique souhaitée par le Concile Vatican II. Ainsi la Prière eucharistique n° 3 invoque d’abord l’Esprit Saint sur le pain et le vin « nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère ». Le même Esprit qui rend le Christ présent au milieu de nous est ensuite appelé sur l’assemblée : « que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire, pour que nous obtenions un jour les biens du monde à venir » : ceux qui mangent au même Pain et boivent à la même coupe sont ainsi appelés à ne former qu’un, à être transformés dans le Corps du Christ pour s’offrir au Père et au reste du monde comme un bon pain qui a de la saveur et de la fraîcheur.
Pour conclure, j’espère avoir attiré votre attention sur le fait que lors de nos messes c’est Dieu tout entier que nous prions et que c’est Dieu tout entier qui agit en nous. Fêter le Christ-Roi, ce n’est pas oublier le Père qui est notre créateur et l’Esprit qui nous unit à lui ; fêter le Christ-Roi, c’est prêter attention à un aspect du Fils qui n’épuise pas les autres aspects que nous ne finissons pas de découvrir dimanche après dimanche.
J’espère aussi vous avoir aidé à comprendre un peu ce qu’est contempler la Trinité. C’est vivre pleinement la messe, c’est recevoir la vie divine et être entraînée par elle en entrant dans une vie de communion et d’amour. Aujourd’hui, je vous invite à faire particulièrement attention aux doxologies de la prière d’ouverture et de la prière eucharistique et d’y répondre par un vibrant Amen. Par cet Amen, nous faisons nôtre la formule de Saint-Irénée « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu. » (C.H., livre 4, 20:7)
Peut-être certains parmi vous n’auront pas été satisfaits de mes explications ; vous trouvez peut-être que je n’ai pas été assez concret. Alors pour nous aider à habiter plus concrètement nos liturgies dominicales, la formation se poursuivra encore les trois premiers dimanches de l’Avent en voyant comment nous pouvons participer activement à la messe avec notre corps, avec nos sens. Dimanche prochain, nous verrons comment nous pouvons entrer dans la contemplation de Dieu par l’écoute, notamment l’écoute de sa Parole. Le dimanche suivant nous verrons comment notre corps peut nous aider à entrer dans la prière. Enfin, le 3e dimanche de l’Avent aura une note un peu plus festive et nous serons invités à ouvrir grands nos yeux… pour ouvrir grands nos cœurs.
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